Pour celles et ceux qui me suivent sur Twitter, vous m’aurez peut-être vue râler et renâcler pendant le travail préparatoire de ces deux vidéos. Évidemment, deux vidéos de chacune environ vingt minutes, ça demande du travail. Oui, mais quel travail, et pourquoi plus que « d’ordinaire » ? Voilà les questions qui vont nous occuper tout au long de cet article – mais aussi de l’article suivant, qui portera sur la rédaction des scripts de ces vidéos et sur comment ça se pratique, pourquoi c’était cette fois si laborieux.
Extension du domaine du script
Mes méthodes ont bien évoluées depuis les débuts de la chaîne, notamment à l’égard de la documentation et de la rédaction. Quand j’ai commencé mes productions, je travaillais encore à mi-temps comme professeur de philosophie, et j’étais pressée par le temps (parce qu’un mi-temps de professeur, ça veut dire « deux fois plus de temps disponible pour préparer ses cours et en être insatisfait, tout jeter, recommencer »). Qui plus est, on m’avait soufflé dans l’oreille que sur Youtube les vidéos longues ne marchent pas, et que donc si on veut espérer ne serait-ce que trois pèlerins, on fait de quinze minutes grand maximum. Enfin, n’ayant jamais ouvert un logiciel de montage, ni touché une caméra de ma vie, je me disais qu’il fallait y aller mollo pour les débuts.
Par conséquent, du moins pour les toutes premières vidéos, je lisais beaucoup moins pendant ma phase de documentation. Puisqu’il fallait faire court dans le minutage et ne pas traîner car sinon la production de la chaîne ne pourrait pas être régulière, lire des montagnes de documentation et s’éparpiller n’était pas envisageable. Ainsi, la vidéo « Éthique biocentrique vs. Éthique écocentrique » devait avoir comme seules sources l’introduction détaillée et le commentaire d’une source première, et mes vieux cours de licence – et déjà avec ça, on avait un bon gros script à retailler salement. L’« avantage » de cette vidéo et des autres construites sur le même principe, d’un point de vue pédagogique, résidait dans le fait que j’y restais en surface : je présentais plus l’outil (les concepts) que l’usage. Une fois qu’on connaît la forme de l’outil, on sait l’identifier en usage. Bien sûr, j’ai déjà, à ce moment là, noté certaines objections faites par les commentateurs aux deux éthiques. Mais c’était assez superficiel car surtout des critiques formelles. On peut y voir un défaut comme on peut y voir une liberté de réception. Mais du coup, ça manquait un peu d’histoire des idées à proprement parler, même si commencer par les bases n’est pas si mal.
Puis le temps a passé et progressivement je me suis retrouvée au chômage et débarrassée de tout soucis pour des élèves de terminale devant passer le bac… et j’ai de nouveau eu le temps de poncer des corpus plus larges. Restait la question des timings vidéos : à quoi bon lire au kilomètre si au final on ne se sert que de 5 % de la matière parcourue ? J’aurais pu optimiser en réduisant mes lectures, mais j’ai choisi de suivre ma pente naturelle (me rouler dans les livres en ronronnant de félicité) et d’optimiser en élargissant les scripts. Là où, auparavant, je coupais trois paragraphes en soupirant de dépit, désormais non seulement je les laisse, mais j’en rajoute ensuite, si bien que je me retrouve à présent avec des scripts de huit-neuf pages au lieu des quatre réglementaires du début. Sacrifiant à Youtube le fait de couper en deux parties ces scripts, je me suis vite rendue compte que cette coupure était probablement salvatrice pour mon matériel informatique (plus il y a de choses dans votre fichier de montage, plus ça rame et Jean-Pierre le desktop souffle et frise comme s’il allait rendre l’âme alors qu’il n’a même pas un an derrière lui).
Bref, mes habitudes de documentation ont changé, et je vous propose de voir à quoi ressemble la dernière itération en date (septembre/octobre 2020), avec un cas qui a été assez épineux pour moi – vous allez comprendre pourquoi en continuant la lecture.
Par quel bout commencer
Comment ça se passe donc, la documentation pour une (mais surtout deux) vidéo ? Ça commence souvent par « ok, j’ai choisi ce sujet parce qu’il y a cinq ans [avant la période maudite des concours de l’enseignement et tout ce qui s’ensuivit] j’en avais entendu parler en cours/séminaire/lecture pour mes mémoires de master ». Premier réflexe : sortir les archives et les sources de documentation qu’on a sous le coude. Eh bien sachez madamonsieur, que cette fois-ci, je n’ai pas fait ça. Enfin, si, symboliquement : j’ai été chercher mon exemplaire de Communs de Dardot et Laval dans ma bibliothèque, acheté à sa sortie en poche « pour quand j’aurais le temps » (spoiler : jamais), pendant ma période « wahou ça a l’air ouf les communs ». Puis j’ai posé Communs sur un coin de table en le réservant « pour plus tard », puis j’ai ouvert la page web de recherche dans le catalogue de la bibliothèque universitaire dans laquelle j’ai mes entrées. Parce que voyez-vous, hormis ce bouquin bien rangé avec les autres, de vagues souvenir de Marx et de ses histoires de vol de bois, de cours de civi britannique avec des LLCE, et d’une consultation en diagonale des travaux d’Ostrom, j’étais un peu dans les choux. Qui plus est, je devais traiter « Les communs de l’écologie politique », et je n’avais que « les communs » à disposition – thème qui devait échoir à mon collègue Politikon pour ce travail en collaboration. Il me fallait donc trouver un bon chausse-pieds de littérature secondaire, pour me tourner ensuite vers des sources premières sans perdre trop de temps.
Parce que, oui, si vous plongez directement sur LE bouquin qui a fait date dans l’histoire de la pensée d’un concept : c’est bien, vous aurez bien compris ça, mais il vous manquera tout le reste autour – le contexte de production, ce qui est venu avant, en quoi ça a bouleversé le champ, les critiques ensuite, les conceptualisations plus récentes. Après, si vous êtes dotés d’une édition critique du bouquin en question, avec une solide introduction et des commentaires, je ne dis pas. Sauf qu’avec l’ouvrage d’Ostrom, par exemple, ben c’était pas vraiment le style de la maison. Et puis, comme je savais qu’il y avait eu/a une grande vague d’intérêt pour la thématique des communs, notamment en écologie politique, je me suis dit que depuis le temps, de la littérature secondaire sur le sujet, on devait en trouver par charrette de douze, et qu’un petit tour de catalogue de bib universitaire me ferait vite mettre le doigt sur un manuel récent ou sur une anthologie de textes (je vous laisse le suspens pour cette fois, mais laissez-moi vous dire que ça ne va pas durer longtemps).
Donc, avec ma petite page web de catalogue de bib, j’ai sagement tapé un truc du genre « communs écologie » ou « communs écologie politique ». Je suis tombée sur un article de Pierre Charbonnier, que j’ai téléchargé en me disant « c’est vrai qu’on en avait parlé une fois, il me semble, ou peut-être que ça n’était pas lui, je ne sais plus, mais voyons-voir ce qu’il en dit même si rien qu’au titre je suis sûre que ça n’est pas ce que je cherche ». J’ai scrollé quelques pages du catalogue et, stupeur et déception, je n’ai rien trouvé, ni en articles ni en publication, qui soit d’une grande aide. Je ne me suis pas trop inquiétée : le catalogue de bib universitaire n’est pas un infaillible pourvoyeur de bonnes références – assez souvent, il vaut mieux arriver avec la référence précise. Mais j’aime bien faire mon petit tour pour commencer : il arrive qu’avec un random papier pas vraiment au cœur de la cible ni très intéressant, on glane au moins les références solides et fournies qu’on cherche (et là le catalogue devient vraiment votre meilleur pote… sauf quand la ressource n’est pas numérisée, accessible nulle part en physique, à 5000 euros d’occasion, ce qui arrive bien souvent, mais alors Alexandra Elbakyan does her magic, n’est-il pas ?).
Ayant fait choux blanc, j’ai ouvert avec une pointe d’espoir le papier de Pierre Charbonnier mentionné précédemment, « Biens communs, beni communi ». On ne peut pas dire que je n’en ai rien appris, mais clairement j’entrais par un petit trou, pas vers la question de l’écologie politique en particulier, et j’en suis ressortie avec zéro référence utilisable. J’avais pris quelques notes, dont l’essentiel tient en : apparemment les penseurs italiens sont importants dans cette affaire, de même que certains épisodes de la vie politique du pays, mais point trop d’écologie politique dans le lot, ce qui ne nous avance pas beaucoup. Par précaution méthodique, j’ai tout de même été refaire un tour du catalogue de bib universitaire avec quelques titres ayant attiré mon attention dans les bas de pages de l’article de Pierre Charbonnier, mais je n’en ai tiré que : « ouais… bof… bon ça, ça a l’air assez faible conceptuellement, en plus c’est complètement de niche, si je finis par en parler ça sera un miracle… ok ça, aucun rapport avec la choucroute, je ferais mieux de donner le papier à Politikon ». Bon, j’en étais au tout début hein, mais je sentais déjà venir une embrouille.
Introductions et notices de dictionnaire spécialisé
J’avais reçu, quelques semaines auparavant, l’ouvrage dirigé par Fabien Locher, La Nature en communs. Sur Twitter, j’avais fait un thread relatant ma façon de le feuilleter pour m’en faire une idée globale, pour savoir si ça allait pouvoir me servir pour ma documentation pour ces vidéos en particulier. Comme je le disais alors : je m’attendais à y trouver une introduction fort utile en termes d’histoire des idées. En effet, c’est une parution extrêmement récente, donc potentiellement à la pointe sur ce qui se dit aujourd’hui sur le sujet (des ressources naturelles gérées en commun). Je m’attendais également à y trouver un peu d’histoire « classique » des communs (chose qu’il me fallait rafraîchir), des exemples historiques à exploiter dans mon propre développement de script… et potentiellement aussi des articles trop pointus pour être exploités dans ce contexte de vidéo (mais au demeurant fort intéressants). Je me trompais en partie : ce n’est pas là que j’ai trouvé de quoi rafraîchir mes souvenirs d’histoire sur les communs. En revanche, j’ai trouvé autre chose qui m’a été très précieux : une réflexion avancée et très récente sur l’historiographie des communs, qui offrait un regard critique sur ce qui avait pu m’être enseigné il y a quelques années de cela (qui était par ailleurs très schématique : j’étais en licence, et qui plus en pluridisciplinaire, ce qui m’envoyait souvent bien loin du désir de creuser l’historiographie).
Après en avoir lu l’introduction à fond et pris moultes notes, j’ai refermé l’ouvrage. On ne se lance dans une lecture (même partielle) comme ça. Je ne devais pas oublier mon objectif premier : trouver de la littérature secondaire sur les communs de l’écologie politique. L’historiographie, c’est bien, mais c’est tout de même une portion congrue de mon problème. Il ne fallait donc pas que j’y traîne trop au début de mes recherches, au risque de ne jamais arriver au cœur de mon sujet. J’allais y revenir, sans aucun doute, mais pas avant d’avoir sérieusement baroudé dans plein d’autres textes – et je venais de trouver « un peu » de quoi faire. Tout en vagabondant de l’introduction et de ses notes de bas de pages jusqu’aux sites des éditeurs, j’étais tombée sur deux références : celle du Dictionnaire des biens communs (quoi de mieux pour atteindre la littérature secondaire, voire même la littérature première, qu’un dictionnaire spécialisé ?) et celle d’un autre ouvrage dirigé par Fabien Locher et Frédéric Graber, Posséder la nature (qui semblait présenter des textes sur la question de la propriété des ressources naturelles, et notamment des textes sur la question des communs).
Depuis les grèves de 2019 et la crise sanitaire de 2020, j’ai renoncé aux bibliothèques. Je navigue entre yey Alexandra Elbakyan…
… et les libraires – ces derniers en ultime recours, parce que ça coûte fort cher les livres. Étant à ce point de mes recherches fort enthousiaste et convaincue que ces deux ouvrages resteraient pour moi d’importants usuels pour des documentations ultérieures (spoiler : aucune idée mais je ne regrette rien, j’aime ces livres d’amour, rien ne pourra nous séparer désormais), j’ai sauté dans mes pompes et ai fait ma balade du jour en direction d’un libraire indépendant les ayant tous deux en stock. Cette escapade m’a permis, le lendemain, de lire une autre introduction d’ouvrage (celle de Posséder la nature), de ne toujours pas trouver de référence de sources secondaires sur mon sujet, mais de noter que, comme pour le précédent, j’y trouverai probablement des exemples pour mes développements (et toujours plussss d’historiographie, mais moins récente, voilà tout).
J’ai refermé l’ouvrage à regret (« see you soon babe »), j’ai respiré un bon coup, et j’ai attrapé le Dictionnaire des biens communs. Plus le temps de niaiser : j’allais trouver ces fichues références de littérature secondaire sur les communs de l’écologie politique (spoiler : non). Je me suis donc enfilé le sommaire, j’ai mis des marques pages à toutes les notices potentiellement intéressantes pour le sujet, et en voiture Simone. À la fin mes yeux pleuraient de fatigue, j’étais lassée, et j’avais trouvé plus d’obscurité que de lumière. Dans le dictionnaire. C’est vous dire à quel point tout ça était mal emmanché. Bon, il y avait quelques notices salutaires (« Commoners », « Communaux » « Biens Communs → mouvement social (Italie) »), mais autrement, d’un point de vue 1) concepts ; 2) écologie politique, c’était épars et flou.
Où est la littérature secondaire ? Sauver les meubles.
Pas de littérature secondaire. Pas de littérature secondaire. Non, mais, vous vous rendez compte ? Moi, dans ma tête, en voyant la furieuse passion militante et intellectuelle pour les communs depuis quelques décennies, et surtout ses liens récurrents avec des questions de ressources naturelles, je m’étais dit : « il y a forcément une dizaine de manuels qui traitent du sujet des communs de l’écologie politique, et je vais pouvoir comparer leurs approches, ça va être incroyable ! ». Et je n’en trouvais pas un. J’aurais aisément fait le deuil de la dizaine, mais ne pas en trouver un seul, ça me mettait dans une sacrée panade. J’avais peut-être manqué quelque chose, mais alors elle devait être bien caché, parce qu’entre un bouquin qui vient de sortir et qui s’appelle La Nature en commun et un dictionnaire qui pourrait me servir de chaise de bureau tellement il est épais, en passant par une base de données (avec et sans références)… j’aurais dû trouver quelque chose !
Pourquoi, « la panade » ? Parce qu’en l’absence de littérature secondaire, il faut aller lire les sources premières et produire soi-même une analyse. Pour celles et ceux qui penseraient que tout ce que je raconte sors de mes brillantes interprétations : jamais de la vie (cf. ce que j’ai dit plus haut, par exemple à l’égard de la vidéo sur les éthiques). Je fais de la vulgarisation, pas une thèse, pas de la recherche. Je n’ai pas à m’avancer sur ces terrains : je ne fais que répéter ce que des spécialistes disent, éventuellement en exposant et confrontant leurs désaccords. Je vais lire la littérature première, évidemment, mais 1) pas aussi attentivement et extensivement qu’un ou une spécialiste ; 2) jamais pour en livrer ma propre lecture, seulement pour mieux comprendre et mieux expliquer (et aussi pour mieux repérer les torsions interprétatives faites par les commentateurs, qu’il est bon de noter quand il y a des lectures divergentes et concurrentes).
Traînant mes basques à l’idée de me farcir à fond les Hardin, Ostrom & co, j’ai fait un détour salvateur par le Communs de Dardot et Laval : plus récent, et donc potentiellement contenant un encart d’histoire des idées. En effet, si j’ai laissé l’ouvrage de côté en premier abord, c’est parce qu’en feuilletant le sommaire, j’ai pu constater que c’était un ouvrage à thèse – et pas, comme je le pensais auparavant, de la littérature secondaire, un très gros manuel très complet sur la question des communs. Mais, au final, en regardant un peu mieux, on pouvait voir ici et là de quoi se mettre sous la dent, en démêlant l’histoire des idées du travail argumentatif menant à l’exposition de la thèse des auteurs.
J’avoue tout : j’ai commencé par lire le milieu de la première partie, puis le début et l’introduction, et un court morceau de la fin. J’ai zigzagué Communs. Au centre (ou plutôt dans le second quart) et en introduction, on trouvait un poil d’histoire des idées, mêlé à pas mal de critique – solution deux en un plutôt séduisante pour la documentation, mais assez imparfaite dans ce cas là parce qu’il y avait plus de critique que d’histoire des idées. Cependant : bordel de soit. J’ai donc gratté un max d’histoire des idées dans la première partie de l’ouvrage, puis j’ai essayé d’en venir plus particulièrement à la thèse de Dardot et Laval sur les communs, en naviguant dans l’introduction (l’endroit où les auteurs sont sensés annoncer le programme), puis dans l’introduction de la seconde partie (l’endroit où les auteurs, ici, raffinent ce qui est annoncé de thèse dans l’introduction générale), puis l’introduction de la petite partie conclusive (l’endroit où les auteurs ont tendance à résumer les propos qui précèdent). Tout en parcourant ces introductions à fond, j’ai feuilleté et attrapé les nœuds articulant les argumentaires dans le corps du texte.
Bref, un bien beau survol. J’avais pris pas mal de notes, avec quelques feuillets précieux d’histoire des idées portant plus précisément sur l’écologie politique. Je ne suis pas revenue sur cette question épineuse pour mes recherches que celle de la thématique « écologie politique », mais l’ouvrage de Dardot et Laval ne se concentre évidemment pas sur elle (et c’est aussi pour ça que je l’avais laissé de côté pour commencer : pour éviter de me perdre dans une littérature potentiellement secondaire mais hors de mon champ). Donc à la fois ça diluait les informations à cet égard, à la fois ça les replaçait dans une perspective globale, ce qui n’était pas si mal, mais un peu frustrant quand même, parce que je devais sérieusement tamiser les informations.
Zoner et se nourrir à grands coups de fourchettes
Toujours pas résolue à aller lire Hardin, Ostrom & co, je me suis dit que : ok je tiens le bon bout avec ces informations partielles et les références que j’ai glanées en note de bas de page, allons voir dans les ouvrages d’histoire – La Nature en communs et Posséder la nature – si on ne peut pas compléter le tableau d’une manière ou d’une autre. À la vérité, j’avais surtout très envie de me faire plaisir avant de passer aux machins plus pénibles des sources premières, qui ne s’annonçaient pas très sexy. Car pour le coup, à la lecture de ces ouvrages d’histoire, je craignais de ne pas trouver de documentation sur le revival contemporain des communs (qui devait être le cœur de mon travail de présentation). Évidemment, un mot en introduction (pour justifier la publication de tels textes à un moment donné du paysage politique, intellectuel et éditorial), mais dans les papiers en eux-mêmes, je pensais ne rien trouver (et sur ce point je me trompais un peu). Sauf que je n’avais rien, hors littérature première, de plus précisément au cœur de ma cible thématique que ces deux recueils d’histoire. Et si la solution à mes problèmes n’était ni en philosophie chez les anthologistes, ni chez les sociologues des mouvements politiques ?
Reprenant les introductions des deux ouvrages et lisant les abstracts de chaque papier, j’ai fait mon choix de « ceux qui peuvent apporter de l’eau à mon moulin spécifique » et j’ai lu, lu, lu (spoiler : trop, mais c’était si intéressant… et puis c’est en lisant trop qu’on se donne le choix de ce qu’on raconte ensuite, that’s my motto, mais n’en abusons pas tout de même). C’était un peu comme anticipé, mais en fin de compte ça m’a ouvert des portes d’analyse qui, inattendues, n’en étaient pas moins des analyses conceptuelles permettant de dire quelque chose du revival présent des communs en écologie politique. Mais à ce point là de mon travail, j’avais surtout la tête bien pleine, ça fourmillait de détail, et je manquais d’une vue d’ensemble.
Je touchais presque à la fin de mes recherches, me semblait-il, mais j’avais tout de même une liste longue comme la jambe (le bras est trop court) de références de littérature première à avaler. Si la littérature secondaire était un peu en déficit, j’avais tout de même attrapé quelques précieuses balises en cours de route. J’ai donc sorti les rames et yey Alexandra Elbakyan : j’ai poncé Berkes, Hardin, Ostrom, Bolier, Linebaugh, Coulthard. On dirait que c’est énorme comme ça mais : encore une fois, il faut savoir sélectionner ce qui est intéressant pour nos affaires, et parfois ça tient un chapitre, voire en trois paragraphes et un sommaire. Il y a certaines littératures qui se publient par charrettes sans qu’un (voire plusieurs) livre supplémentaire amène autre chose qu’une nuance dont, à l’occasion d’une présentation large, on se fiche pas mal. Par ailleurs, à ce point de la documentation, je n’en peux plus, des morceaux de script commencent à se random-écrire dans ma tête, il est temps d’organiser tout ça sur le papier. Le tout c’est d’avoir une vague idée d’à quoi ressemble la littérature première, pour mieux la ressortir pendant le script pour approfondir, ou jeter un œil a ce qui a été analysé par tel ou tel commentateur. [mode de fonctionnement non valable quand je fais la présentation d’un seul ouvrage : là c’est la source principale de documentation, elle est lue en long, large, travers, et les commentateurs viennent ensuite].
La suite au prochain article : rédaction de script, c’est dur mais on finit par s’en tirer.