Des intérêts croissants, mais des sources d'information marginales

Si, originairement, l’écologie politique et le féminisme sont le nom de luttes menées par des minorités, les questions et argumentaires qui y ont été forgées sont de plus en plus présentes dans les esprits de tout un chacun. Le chemin s’est fait progressivement : d’abord par des interactions entre les organisations militantes et la recherche universitaire, puis dans les politiques publiques, les catalogues des éditeurs et les divers médias. Ces thématiques de critique sociale et politique, désormais omniprésentes, ont plus qu’atteint le grand public.

Pourtant, peu de place leur est faite dans les programmes scolaires. Les formations menées en milieu professionnel restent très en surface des problématiques socio-politiques qui sont soulevées depuis le début de ces luttes. L’intérêt croissant qui leur est porté montre toujours plus que ces champs de réflexion viennent façonner notre rapport au monde, nos rapports sociaux, ainsi que notre identité personnelle. Mais les sources d’informations, éparses, incomplètes, si elles ont le mérite crucial de sensibiliser, permettent difficilement l’élaboration d’une réflexion de fond.

Il semble donc urgent de se donner les moyens d’explorer collectivement  les évolutions de nos pensées à l’égard de ces deux champs de réflexions, et de parvenir à tirer parti de plus de soixante ans de pensée critique.  C’est pourquoi j’ai souhaité créer ces ateliers et formations professionnelle : avec pour ambition de rendre accessible à tous les textes et les concepts classiques (et moins classiques) qui ont façonné les pensées féministes et écologistes.

Pourquoi l’écologie politique et le féminisme ?

Ces deux champs de réflexion font converger des questions philosophiques similaires, au point que parfois écologie politique et féminisme font front commun. Ces questions philosophiques, qui s’expriment dans les pensées écologistes et féministes, sont au nombre de trois :

La distinction nature/culture est la distinction supposée (et remise en question, nuancée voir abolie) entre la nature, c’est-à-dire ce qui s’impose à nous comme une nécessité et une contrainte avec laquelle il faut faire, et la culture, c’est-à-dire ce dont nous, humains, sommes les auteurs – et qui est donc contingent. En témoignent la diversité des sociétés humaines et leur manière de changer progressivement de modes de vie.

La réflexion sur le politique et l’action politique questionne les liens entre les individus et l’organisation d’une vie commune pour des individus divers. On notera l’importance ici de la notion de domination : nature comme femmes sont perçues comme étant abusivement dominées. Il s’agirait pour l’une comme pour l’autre de penser l’émancipation – et cette émancipation peut prendre bien des formes : la fuite, la préservation, la conservation, le réaménagement progressif de la société et de ses rapports, etc.

Le développement d’une prospection par le biais de la fiction, qui permet de faire le récit des maux qui nous arrivent, de les mettre en scène, de les interpréter par le biais de la fiction : c’est une manière de représenter les problèmes et d’en faire ressortir les points saillants tout en assumant un point de vue théorique et politique. Le récit permet de faire comprendre et de toucher le plus grand nombre par ses vertus immersives. Et puisqu’il faut changer les choses, il faut bien imaginer comment on voudrait qu’elles soient.

L'importance de revenir aux fondamentaux : histoire des idées et philosophie

Que veut dire « protéger la nature » ? Quand et pourquoi avons-nous commencé à nous poser cette question ? Est-ce que tout le monde se la pose ? Peut-on dire que notre corps « a un sexe » ? Qu’est-ce que c’est, « le sexe » ? Quel rôle joue-t-il dans nos comportements ?

À toutes ces questions, il n’y a pas de réponse unanime, mais de nombreuses propositions de comment comprendre les problèmes qui se posent, et de comment il est possible de les traiter. Elles ont une histoire (relativement récente), et de nombreuses réponses y ont été et y sont encore apportées. Chaque atelier est l’occasion pour les participant·e·s tant de s’interroger que de chercher des réponses, par l’échange avec le groupe ou la découverte des chemins de pensée qui ont déjà été parcourus et leur lecture critique.

C’est à la méconnaissance de cette histoire des idées que j’entends remédier. En effet, ces pensées éclairent d’une lumière neuve et bien plus nette les controverses sociales, politiques, économiques, scientifiques actuelles. Elles permettent d’avoir à notre disposition les outils conceptuels qui sont à leurs fondements et qui les animent.

Des ateliers participatifs et un apport de connaissances

Les ateliers et formations professionnelles que je propose, construits sous forme de questions philosophiques et/ou d’approches thématiques, sont adaptables en fonction du contexte, de l’âge, de l’état des connaissances des participant·e·s sur ces sujets, et des attentes en matière d’apport de connaissances théoriques. Dans mon travail, nourri par mon expérience de professeure de philosophie, j’entends laisser une place importante à la parole des participants, à leur réflexion personnelle et à leur travail argumentaire. Mon rôle est celui de guider les échanges, de les stimuler grâce à des dispositifs pédagogiques, d’en faire garder une trace visuelle synthétique, et de les enrichir avec des textes qui ont participé de l’histoire de ces pensées.